Je m’appelle Agnès. Je suis artisane & créatrice de la marque Chaumière Oiseau.

 Je place au centre de ma démarche l’intelligence de la main.

Je crée de manière très instinctive, guidée par mon amour pour la forme, la couleur et la matière.

Agnès Pironon artisane & créatrice de la marque Chaumière Oiseau

Pourquoi ce nom,

Chaumière Oiseau ?

J’ai toujours aimé les objets qui ont une âme.

Je n’ai jamais aimé ressembler aux autres.

Chercher

L’idée que l’on puisse tous être habillés pareil ou que la décoration de nos maisons soit identique me déprime beaucoup.

Plus jeune j’étais cette personne que l’on qualifie d’originale sans trop savoir si c’est un compliment ou une moquerie.

En tout cas ce que la norme me proposait ne me convenait pas.

Aussi j’avais beaucoup d’imagination et j’ai vite compris que je ne pourrais pas avoir un parcours classique.

C’est la raison pour laquelle j’ai fait des études artistiques. J’ai intégré les Arts Appliqués où j’ai appris le métier de céramiste.

C’était passionnant mais en réalité je n’avais qu’une idée en tête qui était de faire des vêtements.

Après mon cursus d’Arts Appliqués je suis partie vivre dans le sud de la France et je me suis formée au modélisme en autodidacte avec l’aide ponctuelle d’une amie costumière.

Pendant des mois je me suis entraînée jour et – presque – nuit pour apprendre à dessiner des vêtements, patronner, couper, coudre.

Puis je me suis mise à mon compte pour proposer mes 1ères pièces.

J’avais 22 ans.

Je débordais d’enthousiasme et ma force de travail était inouïe.

Expérimenter

Durant 8 ans j’ai sillonné la France pour vendre mes collections de vêtements et d’accessoires sur les salons, les festivals et dans les boutiques.

Et oui l’e-commerce n’existait pas à l’époque!

Ce fut un franc succès mais mon rythme de travail m’a épuisée.

La dernière année je sortais presque 200 pièces par collection simplement avec l’aide d’une couturière à domicile.

L’aventure ayant presque eu raison de ma santé, j’ai décidé de faire une pause qui s’est transformée en clôture de mon entreprise quelques mois plus tard.

Je suis rentrée à Paris où j’ai vécu une parenthèse d’errance à ne plus vraiment savoir ce que je voulais faire.

Durant quelques mois j’ai travaillé dans le retail pour gagner ma vie mais je n’ai pas tenu bien longtemps car tout cela manquait cruellement de sens.

Comme mes mains avaient assez travaillé durant toutes ces années je me suis dit qu’il fallait que je nourrisse mon esprit. Mon choix fut de reprendre des études d’histoire de l’art.

Un épisode enchanté puisque durant presque 2 ans j’ai vécu le nez dans les livres, les yeux dans les tableaux, parcourant les musées de France et d’Italie dans une extase totale.

Apprendre

Au terme de ces études il m’a fallu trouver un stage dans une institution culturelle.

J’ai eu la chance d’être accueillie dans une manufacture prestigieuse avec son musée attenant.

J’étais où je devais être, à la charnière entre histoire de l’art et artisanat ou plutôt métiers d’art.

L’intelligence de la main reprenait sa place chère à mon coeur.

Ce stage s’est transformé en contrat et j’ai eu la chance d’être chargée de mission d’un chantier exceptionnel durant 5 années.

Bien sûr j’ai envisagé de persévérer dans le secteur culturel pour gravir quelques échelons cependant, chassez le naturel et il revient toquer à votre porte sans équivoque.

Il fallait que je crée à nouveau.

En revanche, plus question de reprendre la couture et le vêtement, cela ne m’intéressait plus.

Je m’étais lassée.

En outre je trouvais que fabriquer des vêtements soi-même est une tâche titanesque si on veut en vivre correctement, ne serait-ce qu’à cause des tailles par modèle.

Pendant plusieurs mois, j’ai cherché. Je regardais moins la peinture de la Renaissance mais beaucoup plus les magazines de décoration et Pinterest.

J’avais besoin de m’inspirer à nouveau.

Je savais que je devrais apprendre un nouveau métier.

De fil en aiguille, si je puis dire, j’ai découvert le tissage et la tapisserie. J’étais tout à fait fascinée.

Trouver

Après pas mal de recherches j’ai fini par trouver une formation en tapisserie de haute lisse. J’ai découvert un autre rapport au temps. J’ai eu la chance d’avoir une professeur formidable qui m’a enseigné l’exigence.

Le tissage est une discipline qui demande beaucoup d’humilité car il faut parfois défaire un ouvrage que l’on a mis des heures à tisser, parce que la tension du fil n’est pas bonne ou que l’on s’aperçoit d’une erreur un certain nombre de rangs plus bas.

Telle Pénélope je travaillais ainsi ma résilience.

Puis je décidais de me lancer. Les planètes se sont alignées.

C’est-à-dire que nous étions en 2016 au début d’Instagram.

On pouvait alors très vite émerger car le paysage digital était mille fois moins saturé qu’aujourd’hui.

J’ai eu très vite des commandes en France et à l’international. Un éditeur m’a proposé de faire un livre.

On m’a rapidement sollicitée pour animer des ateliers de tissage.

Peu à peu j’ai élargi mon champ de pratiques en découvrant de nouveaux outils. La punch needle et le tufting sont devenus mes techniques de prédilection.

J’ai continué de faire des livres – 5 au total – j’ai animé des dizaines de workshops en France et à l’étranger, j’ai fait des collaborations dont je n’aurais osé rêver quelques années plus tôt, j’ai eu un pop up au Galeries Lafayette, j’ai été artiste invitée sur des salons prestigieux tels que Whos’Next et Playtime.

Comme dit cette vilaine expression, c’est un « métier passion ». Car il est vrai que la charge de travail est énorme. Être Artisan 2.0 n’est pas de tout repos mais l’enjeu en vaut la chandelle. C’est une forme de résistance vertueuse au monde que l’on nous propose. C’est rester conscient et partager cela.